La route des Andes-Chili
« Il y a du nomade en moi ». Je vous parlerai de trois expériences qui ont définitivement converti mon regard et aujourd’hui, il y a du nomade en moi
Une première expérience immersive
Désert tunisien
Entourée de baroudeurs, vous vous retrouvée à la crête des dunes avec tous les aléas d’une première expérience, les pannes, les approvisionnements, les repérages, les craintes et… comment s’organiser et se parler véritablement. La peur de se perdre, de se renverser vous gagne, la fatigue de chaque fin de journée, le manque, le sentiment d’être perdue, loin de tout vous angoissent.
Sentir le sable s’écouler sur ses pieds… se fondre dans cette immensité si vide et si vivante, jamais pareil et toujours semblable… Cela vous forge l’esprit à jamais. Cela crée une autre façon de penser à la vie.
C’est saisissant et c’est définitif.
Cela vous prend au cœur, à l’âme. Vous aimez ou vous n’aimez pas mais cela ne sera jamais plus tout à fait pareil. Vous êtes pris par le graphisme des lieux, les pleins, les courbes si douces, les « tables » qui s’érigent dessinant les horizons d’un monde sans fin. Vous vous enfoncez dans ce sable si doux au toucher, ce sable qui vous glisse entre les doigts, si soyeux, plus soyeux que la plus fine des poudres de riz de Java.
Vous êtes sidérés par ce silence, sourd et assourdissant.
Vous percevez comme étouffés dans la ouate, ces sons de nulle part, ces crissements minéraux, ces vents, rafales ou brises, qui balayent les bois et la sécheresse des arbustes.
Alors, si vous vous accordez avec ces paysages d’ergs, de puits, de lits de rivières à sec, de troupeaux et de nomades, alors
Le rêve se confond avec les mirages au ras de l’horizon.
L’esthétique sans artifice
Le désert est une voie qui sans voix exprime l’ultime, la beauté sans artifice. Le #minimalisme permet tout : « du fond qui serait remonté à la surface » pourrait dire Victor Hugo.
De ce jour, je me suis inventé un monde, « l’outre-vide » considérant qu’il donnait à voir l’essentiel.
Ma seconde expérience parle de « grand tour ».
Chine- Temple bouddhiste
Jamais un motor- home n’avait circulé en Chine. En 2010, il y eut le premier périple Paris Pékin avec 50 équipages en camping-car. Nous étions l’équipage 34, pour 90 jours, 14 pays et 30 000 km par la route.
Les routes mythiques
En si peu de temps, nous avons emprunté trois routes mythiques. Nous avons suivi la route de la soie et des grands comptoirs. Nous avons ressenti en traversant plus de 14 pays, l’empreinte de la foi, des catholiques, aux orthodoxes, aux musulmans, aux bouddhistes.
Nous avons pris du temps sur les sites des grands conflits qui ont bouleversé notre histoire contemporaine.
Le grand tour
Le paris-Pékin s’Inscrit dans cette longue lignée de voyage initiatique, ce « grand tour » des temps modernes.
Nous avons fait nos humanités. Nous nous sommes régénérés en parcourant les routes, au hasard des rencontres, des civilités et des idées locales nous imprégnant toujours plus des autres et enrichissant inconsciemment nos façons de voir le monde à des échelles différentes.
Le grand angle et la focale
Je ne l’avais pas compris alors mais ce « grand tour » modifia fondamentalement ma vision de la vie et ce fut sûrement une des meilleures choses qui me soit arrivée. Au retour, la lourdeur du quotidien fut remplacée par la légèreté d’être dans la vie courante, peu sûre de rien mais certaine d’avoir trouvé ce qui me faisait tenir dans la vie : aimer ce que je faisais.
Je n’avais pas tout trouvé mais j’étais sûre d’être sur la route. Alors, surtout, il faut persister.
Ma troisième expérience parle de la terre
La PACHAMAMA, en Amérique du Sud, est la terre, le sol, le lieu, la région, le pays, mais aussi le monde sans distinction entre l’espace et le temps.
Nous avions suivi la #route des Andes durant trois mois, parcourant 17 000 kms, par la route, l‘Argentine, la Patagonie, le Chili, le Pérou, la Bolivie et le Brésil. Allongée et étroite, la Cordillère des Andes est la plus grande chaîne de montagnes au monde. 7100 kilomètres de long, jusqu’à 1800 kilomètres de large avec des points culminants à 7000 mètres.
Alors, un jour et pour des jours, vous êtes sur les hauts plateaux à plus de 5000 m d’altitude, où l’air raréfié vous fait changer de rythme, où les pas se font plus lents, se mettent dans ceux des quechuas et où la terre vous envoute à jamais.
La Pachamama, la terre-mère
La #Pachamama est une déesse majeure de la culture pré-inca, sans temple, qui s’honore en tous lieux naturels avec une préférence malgré tout pour les lieux en hauteur, les montagnes ou les sommets.
Grisé par votre taux d’oxygène dans le sang, vous êtes à l’aube du monde comme si l’on vous faisait la grâce de remonter le temps et de voir comment l’univers s’est déployé, avec quel soin, avec quelle diversité, il s’est torturé, façonné, pour que jamais l’on n’oublie la force de la matière dont nous sommes tous issus.
Et là, tout simplement, nous sommes « pachamama » comprenant la densité des mots : la terre en héritage et en partage.
Mines de sel- San Pédro de Atacama
Alors, vous voudriez que le temps dure. Vous vivez ce moment intense où vous savez ce que vous savez de vous, ce que vous savez de votre corps, ce que vous voulez dire et ce que vous voulez devenir. Le reste est secondaire.
Ce fut déterminant. Avant de revenir, je me souviens avoir dit à mon mari, en rentrant, je ferai un site sur les singularités de la vie, des lieux et des hommes.
Il y a toute sorte de routes. Dans quelques lieux que cela soit, croisons-nous…
Soyons nomades, intéressons-nous…
C’est un potentiel inestimable.